« Cartel du jambon » : Cooperl pourrait fermer des usines pour payer l'amende




Le 21 Octobre 2020, par François Lapierre

L'amende record infligée par l'Autorité de la concurrence contre le « cartel du jambon » a de graves conséquences sur l'activité de Cooperl, leader français de la filière porcine. Plusieurs usines pourraient fermer.


Pas un chantage

Au mois de juillet, l'Autorité de la concurrence sanctionnait douze industriels du jambon et de la charcuterie, connus sous le nom « cartel du jambon ». Ces entreprises se sont entendues pour fixer le prix de leurs produits entre 2010 et 2013. L'amende est salée : 93 millions d'euros, répartis entre tous les protagonistes en fonction de leur implication dans le cartel. Et le paiement devrait être exigé d'ici la fin du mois d'octobre. La sanction la plus importante touche Cooperl, qui doit régler 35,5 millions. Le groupe coopératif basé dans les Côtes-d'Armor se serait concerté avec ses concurrents sur les prix à proposer, « notamment en réponse aux appels d'offres des enseignes de la grande distribution », d'après l'Autorité.

Cooperl, qui ne cesse de se défendre et a fait appel de la décision, craint désormais pour ses finances. La somme demandée va lourdement grever la trésorerie de l'entreprise. « Si on nous demande de payer dans les jours qui viennent, on arrête tous les recrutements, tous les projets d'investissement et on s'engage dans un plan de restructuration dur », a expliqué Emmanuel Commault, le directeur général de Cooperl.

Plan de restructuration

Le dirigeant, qui assure ne pas vouloir faire de chantage, « joue [la] survie » du groupe qui emploie 7.200 collaborateurs. Il reproche toujours à l'Autorité de la concurrence d'avoir basé ses conclusions sur un « faux document » fourni par un cadre de la société Aoste. Ce qui a d'ailleurs permis à Aoste d'éviter une grosse sanction : pour ce dernier, l'amende s'élève à un million d'euros. Le plan de restructuration est « prêt » selon Emmanuel Commault, il concernera plusieurs usines.

Les usines potentiellement touchées seraient issues de la reprise des groupes Brocéliande et de la Financière Turenne Lafayette : douze lieux de production qui comptent 2.500 salariés. Cooperl est un poids lourd du secteur de la charcuterie en France. Le groupe a engendré un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros l'an dernier. 


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